Interview de Laurie Saulnier éducatrice U18 R1 Féminine de l’AC AVIGNON

Publié le 10/05/2021

Laurie Saulnier : « Désormais chaque club de village a son équipe féminine, auparavant, s’il y avait 3 clubs dotés d’une équipe féminine dans la région c’était le bout du monde. »

Joueuse et éducatrice à l’Avenir Club Avignonnais, Laurie Saulnier nous raconte son parcours en sélection jeune, sa vision sur l’évolution du football féminin et nous dévoile ses objectifs en tant qu’éducatrice.

Bonjour Laurie, présentez-vous en quelques mots s’il vous plaît ?

J’ai 25ans, je suis éducatrice des U18 R1 Féminine de l’ACA et responsable du Campus. J’ai un parcours de joueuse à un niveau national : MONTEUX D2, NIMES et ALBI D1. Je suis passée par les sélections jeunes U16, U17 et Universitaire avec à la clef un titre de Championne du monde et de vice-championne d’Europe.

Sacré parcours, et dorénavant quelle est votre situation ?

Je joue en R1 à AVIGNON, et je suis diplômée BEF, c’est ma 3e saison en tant qu’éducatrice à l’ACA avec les U18. J’ai toujours voulu entraîner, et le progrès du football féminin passe par l’augmentation des éducateurs diplômés.

Depuis vos débuts, avez-vous remarqué une certaine évolution du football féminin ?

Oui, il y a une évolution significative sur plusieurs points. Déjà au niveau national, en D1, D2, le niveau a augmenté. Les conditions des joueuses se sont améliorées, comparées à celles que j’avais à MONTEUX en D2 ce ne sont plus les mêmes aujourd’hui.

Désormais chaque club de village a son équipe féminine, auparavant, s’il y avait 3 clubs dotés d’une équipe féminine dans la région c’était le bout du monde.

Vous qui avait entraîné des garçons et des filles, voyez-vous une différence dans leurs façons d’aborder le jeu ?

Les garçons sont plus spontanés tandis que les filles ont plus tendance à intellectualiser le football. C’est une bonne chose qu’elles comprennent mieux, mais parfois il faudrait qu’elles jouent sans se prendre la tête. Qu’importe le genre, la passion est similaire, même par temps pluvieux je sais qu’elles seront présentes.

 
Quelles sont les clefs essentielles pour diriger un groupe de joueuses ?

Il faut un cadre de vie et leur amener de la compétence, leur donner les outils pour progresser. Ce sont les ingrédients primordiaux à mes yeux.

En tant qu’éducatrice, quelle serait votre plus grande réussite à ce jour ?

Ce sont des petits éléments du quotidien, comme remarquer la progression de mes joueuses. Des fois des trucs tout bête, un choix fort de joueur qui fait gagner l’équipe ou voir une joueuse passer éducatrice, on se dit qu’on l’a sûrement influencé pour qu’elle s’embarque dans cette aventure.

La crise sanitaire, l’absence de compétition, comment jauger les évolutions de votre groupe en ces temps singuliers ?

Sans compétition, c’est difficile de voir une évolution. Mais le côté positif, c’est de ne plus avoir ce côté décideur « qui va jouer, qui ne va pas jouer ? » et cela permet de créer des liens. Les filles ont plus tendance à se détendre et on peut plus facilement établir une relation de confiance.

Malgré l’arrêt des compétitions, j’ai toujours mes joueuses à l’entraînement donc je me dis qu’elles sont toujours aussi motivées. Elles sont dans un âge où elles en demandent beaucoup, si on pouvait s’entraîner tous les jours matins et soirs elles seraient hyper contentes.

Existe-t-il dans votre parcours de joueuse un évènement marquant ?

Ma principale fierté, c’est d’avoir porté le maillot de L’Équipe de France, d’avoir pu représenter son pays est toujours un grand moment. Tout comme évoluer dans la division 1, dans le plus haut niveau national.

La 1ère sélection était une catastrophe *rires*, c’est beaucoup de pression, j’étais sélectionnée en EDF U17 alors que j’étais U16, c’était déjà un niveau de jeu au-dessus. Il m’a fallu plusieurs matchs pour que ça se décante, mais une fois la machine lancée on arrive à occulter ce qu’il y a autour et jouer.

« Il y a 10 ans, c’était impossible de devenir joueuse professionnelle sauf à intégrer l’OL. »

 

Avec un tel début de carrière, est-ce que vous avez réussi à garder les pieds sur terre ou vous vous êtes imaginée professionnelle ?

Entre mes 15 et 18 ans, le football féminin avait des conditions compliquées. Exemple avec Kadidiatou DIANI, qui est de la même génération que moi, à 18 ans quand elle est sortie du pôle, elle travaillait à côté alors qu’elle jouait en D1. Le club lui avait trouvé un travail, et c’était déjà une révolution.

Il y a 10 ans, c’était impossible de devenir joueuse professionnelle sauf à intégrer l’Olympique Lyonnais. C’était la seule ouverture possible, il fallait plutôt se projeter sur des études que sur une carrière de joueuse professionnelle.

Avec la situation actuelle, regrettez-vous d’être arrivée « trop tôt » ?

Non, car on se dit qu’on a contribué à notre façon au développement du football féminin. C’est le même raisonnement pour toutes les générations.

À votre avis, quel(s) évènement(s) a permis cette évolution ?

L’image que l’EDF féminine dégage, les matchs qui ont commencé à être télévisé, un plan de développement du football féminin mis en place par la FFF.

La D1 qui a été racheté par Canal + est une grande avancée. La compétition s’intensifie avec Bordeaux, Montpellier qui mettent beaucoup de moyens. Même les petites structures commencent à s’accrocher, avant l’OL mettait des 10-0.

L’évolution de la discipline passe par l’augmentation du niveau en D2, l’avenir est radieux à ce sujet, on commence à remarquer un accroissement du nombre de joueuses.

Depuis votre arrivée à l’AVENIR CLUB AVIGNONNAIS, avez-vous souvenir d’un moment inoubliable ?

Oui, il y a 3 ans lors de ma 1ere saison à l’ACA. Nous avons vécu un très beau parcours en Coupe de France, on a éliminé 2 D2 et on perd sur la 3e D2 aux penalties. On joue au football pour vivre ces moments là, pour ces émotions.

En tant qu’éducatrice, quelles-sont vos sources d’inspiration ?

Principalement les éducateurs que j’ai eus en tant que joueuse, c’est ce qu’ils nous façonnent en tant qu’éducatrice. Tous confondus, bons ou mauvais, qu’importe leurs qualités et leurs défauts, ils t’apportent tous quelque-chose. Christophe CATELAIN mon coach, Claire CHAMBON, en sommes tous les éducateurs qui sont ou étaient dans l’équipe éducative, c’est de l’apprentissage au quotidien.

Quels sont vos objectifs pour la suite de votre carrière d’éducatrice ?

Avec les U18, nous souhaiterions accéder au U19 nationaux. Plus personnellement, j’aspire à évoluer en passant d’autres diplômes. Mon rêve serait de gérer la formation des joueuses. C’est un parcours difficile, mais j’ai le temps et le projet peut évoluer.

 

Merci à Laurie de nous avoir accordé cette interview, le DISTRICT GRAND VAUCLUSE lui souhaite du courage et de la réussite dans ses projets futurs.

Par Hakim Salih

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