Interview de Julie Noel Joueuse de futsal et Educatrice U15 à ST JEAN DU GRES-FONTVIEILLE

Publié le 17/05/2021

Julie Noel : « Auparavant, les équipes féminines existaient uniquement parce qu’elles permettaient aux seniors d’avoir un avantage, désormais on crée  des équipes féminines pour monter un véritable projet. »

Joueuse de Futsal à Marguerittes et éducatrice à ST Jean du Grès Fontvieille , Julie Noël nous raconte son parcours, avec notamment un titre de vice-championne d’Europe en 2019. L’occasion de connaître, selon elle, les éléments indispensables pour entretenir un groupe soudé sur et en-dehors des terrains.

Bonjour Julie, pouvez-vous présenter votre parcours en quelques mots s’il-vous-plaît ?

Je joue au football depuis mes 6 ans, j’ai commencé avec les garçons vers Saint-Martin-de-Crau où l’on a été champion District de Provence. Ensuite, je suis partie à Nîmes où j’ai remporté 2 fois la Coupe de la Ligue et 1 fois le championnat de France de D2. Enfin, j’ai arrêté le football sur terrain vert pour me mettre au futsal.

Avec le Futsal Marguerittois, nous avons été championnes de France en 2018. L’année suivante on termine vice-championne d’Europe, et au mois d’octobre 2021 nous allons jouer la Ligue des Champions en Turquie.

Au sein du club de l’EFRM, je joue en senior et j’entraîne mes petites qui sont en U15 féminine. Je les ai depuis l’année 2019, lorsqu’elles évoluaient en U11 féminine.

Est-ce que jouer à un tel niveau au football féminin est synonyme de rémunération ?

Non, il existe des gros clubs comme l’OL et le PSG qui ont les budgets pour payer les joueuses mais comparer au foot masculin, les sommes sont dérisoires. Il y a quelques années, les joueuses du club de Montpellier devaient travailler à côté pour vivre.

Pensez-vous que cette position va évoluer ?

Oui, à l’époque où j’ai commencé, les équipes féminines se faisaient rares, il fallait aller à Marseille ou à Montpellier pour en trouver une. À ce jour, quasiment chaque club a son équipe féminine. Auparavant, les équipes féminines existaient uniquement parce qu’elles permettaient aux seniors d’avoir un avantage, désormais on crée des équipes féminines pour monter un véritable projet.

Quel-est votre parcours en tant qu’éducatrice ?

J’ai acquis le CFF2 en 2019, et je compte passer tous les diplômes. À terme, j’ai l’ambition d’entraîner une équipe professionnelle. Corinne DIACRE (sélectionneuse de l’Équipe de France féminine) a ouvert la voie. J’ai su que c’était possible lorsqu’elle a entraîné Dijon en Ligue 2.

Malheureusement, je suis bien souvent la seule coach féminine sur les plateaux. Il y en a de plus en plus mais nous restons une minorité.

Selon vous, quels-sont les traits de caractère nécessaires pour encadrer un groupe ?

Être très dynamique et autoritaire, surtout lorsqu’elles sont dans la pré-adolescence comme mon équipe. Dès le début il faut instaurer des règles, et surtout être à l’écoute. J’ai cette chance de les avoir depuis qu’elles sont toutes petites, ce qui favorise une meilleure relation avec un groupe très uni.

Avez-vous eu des réticences avant d’endosser le rôle d’éducatrice ?

Auparavant, je me refusais l’idée de devenir éducatrice mais maintenant je prends plus de plaisir à coacher mes petites qu’à jouer. J’avais des craintes, parce qu’on se doit d’être irréprochable et d’inculquer des valeurs comme le respect, l’esprit d’équipe. Être éducatrice n’est pas seulement leur apprendre à jouer au football.

Avec votre équipe, est-ce que vous avez souvenir d’un évènement dont vous êtes fière ?

L’année dernière avec mes U15, nous avions commencé dans le championnat U13 garçon. J’ai ressenti beaucoup de fierté lorsque les autres éducateurs venaient me voir pour encenser mon groupe de joueuses. Qu’elles soient capables de ressortir le ballon de derrière, de faire circuler le ballon dans la largeur, ce sont des comportements qui, à cet âge, ont étonné certains éducateurs.

 

« Mes joueuses n’aiment pas jouer contre ou avec des garçons, il y a encore et toujours cette mentalité ‘ce sont des filles, on ne leur fait pas de passe’. Pour retourner la situation, les joueuses doivent montrer du caractère ‘oui nous sommes des filles, oui nous aimons jouer au foot, et rien ne nous empêche d’être meilleures que vous’. »

Le ressenti de vos joueuses est différents lorsqu’elles jouent contre des garçons que contre des filles ?

Mes joueuses n’aiment pas jouer contre ou avec des garçons, il y a encore et toujours cette mentalité

« ce sont des filles, on ne leur fait pas de passe ». Pour retourner la situation, les joueuses doivent montrer du caractère « oui nous sommes des filles, oui nous aimons jouer au foot, et rien ne nous empêche d’être meilleures que vous ».

Comment arrivez-vous à gérer la relation avec les parents de vos joueuses ?

En tant que coach, il faut se remettre constamment en question. Je communique énormément avec les petites et les parents aux alentours, on a la chance d’avoir des parents qui nous suivent énormément et je les remercie pour leurs soutiens. À la fin de chaque match, je demande aux petites si elles ont pris du plaisir, si elles ont été à l’aise. La communication est essentielle.

Dans le club de l’EFRM, on a cet esprit famille. On fait beaucoup de journées cohésions avec les parents et les enfants. Je suis au-delà de leur coach, la preuve avec mes anniversaires, où elles vont jusqu’à m’offrir des cadeaux.

C’est important d’être dans un club qui vous met dans les meilleures conditions ?

Oui, c’est primordial. À ce sujet, notre président Sébastien LESAGE, est parfait. Il nous met dans les meilleures conditions pour que les éducatrices et les joueuses se sentent bien.

On a une soixantaine de licenciées féminines avec 4 catégories : les baby-foot (U9 U10 U11), moi je m’occupe des U12 U13 U14, ensuite nous avons des U18 encadrées par Guillaume GARCIA, le responsable de la section féminine, et le groupe senior à 8. Ensemble, nous prenons le temps de discuter et d’échanger.

Comment arrivez-vous à attirer autant de joueuses dans votre club ?

Certaines viennent d’elles-mêmes, et on effectue un gros travail de communication dans les écoles, sur les réseaux sociaux avec une page Facebook dédiée à notre équipe féminine : La Gazelle Team E.R.F.M.

Avez-vous une anecdote particulière avec votre groupe ?

Lors de la CDM en France, je suis allée voir un match à NICE, et sans savoir que des joueuses de mon équipe allaient aussi au stade, je suis tombée nez-à-nez avec mon groupe de petites. Nous sommes connectées jusqu’au bout des doigts, sur et en-dehors des terrains.

Quels-sont vos objectifs pour la suite de votre carrière d’éducatrice ?

Ma première année avec le groupe, lors de la saison 2018-2019, nous avions perdu aucun match. Et dès la fin de la crise sanitaire, on aimerait réitérer cette performance. Mais avant toute chose, nous avons hâte de retrouver le plaisir des terrains et le stress d’avant-match qui manquent tellement aux joueuses.

 

Merci à Julie pour cet échange, le DISTRICT GRAND VAUCLUSE souhaite de la réussite à l’ensemble de la Gazelle Team de l’EFRM et bonne chance pour la Ligue des Champions de Futsal en Turquie.

 

Par Hakim Salih

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